L'haltérophilie est un sport où les barrières musculaires sont repoussées. Bien qu'impressionnante, elle reste un sport de précision. En effet, cette discipline est composée de mouvements qui doivent être effectués avec précision, tout d'abord pour que le travail effectué sur le muscle soit bénéfique mais également pour éviter au maximum le risque de blessures, il s'agit de mouvements balistiques.
L'haltérophilie est basée sur plusieurs concepts qui sont :
- la gestuelle bien définie,
- la force,
- la souplesse
- l'explosivité,
- le développement physique.
On retrouve notamment deux mouvements connus : le soulever de terre et l'épaule jetée.
Rappels biomécaniques et haltérophilie
La charge et le dos
Lorsqu'on porte une charge de 10 kg avec les genoux en position de flexion et le rachis vertical, la charge sur le disque vertébral est de 282 kg. Il suffit de pencher le rachis vers l'avant pour que cette charge passe de 282 kg à 512 kg. Si les bras sont tendus, cette charge déjà augmentée, passe de 512 kg à 726 kg. La charge maximale conduisant la rupture du disque est de 800 Kg avant l'âge de 40 ans et passe à 450 kg chez les personnes plus âgées. On note ici, que le bras de levier est alors très important pour la répartition des forces et pression.
La conclusion de ce petit rappel est donc simple : le dos arrondis augmente la charge au niveau des disques, moins la lordose naturelle est respectée, plus la pression sur les vertèbres L5/S1 est importante. Le respect des courbures est donc indispensable pour minimiser la pression intra discale.
La notion que porter une charge de 10 kg avec les genoux en position de flexion et le rachis (colonne vertébrale) vertical impose une charge de 282 kg sur le disque vertébral est basée sur une compréhension de la biomécanique et de la façon dont le corps humain répartit le poids et la tension à travers les structures osseuses et musculaires.
Lorsque vous fléchissez les genoux tout en gardant le dos droit (rachis vertical), cela implique une technique de levage considérée comme ergonomiquement favorable pour minimiser le risque de blessures, en particulier dans le bas du dos. Cette position est recommandée car elle permet une meilleure répartition de la charge entre les grands groupes musculaires des jambes, réduisant ainsi la contrainte sur le dos.
La valeur de 282 kg ne représente pas directement le poids réel porté, mais plutôt la charge estimée exercée sur le disque vertébral en raison de la biomécanique du corps humain. Ce calcul prend en compte le levier créé par le poids du corps en plus du poids porté, la distance de la charge par rapport à la colonne vertébrale, et la façon dont cette distance affecte la force nécessaire pour maintenir une posture verticale.
Pour comprendre comment une charge de 10 kg peut mener à une charge estimée de 282 kg sur le disque vertébral, il faut considérer plusieurs facteurs biomécaniques, notamment :
- Le principe du levier : Le corps humain agit comme un système de leviers. Lorsque vous portez une charge loin de votre axe de rotation (dans ce cas, la colonne vertébrale), la force exercée sur le disque vertébral est beaucoup plus importante que le poids réel de la charge, en raison de l'effet de levier.
- La répartition du poids : La position debout avec le dos droit et les genoux fléchis permet une meilleure répartition du poids à travers les muscles des jambes et du tronc, mais augmente également la distance horizontale entre la charge et l'axe de rotation, augmentant ainsi la charge sur les disques vertébraux.
- La force musculaire : Pour maintenir cette position, les muscles du dos doivent exercer une force considérable pour contrebalancer le poids porté, ce qui augmente la pression sur les disques vertébraux.
Les muscles paravertébraux et abdominaux
Les muscles paravertébraux forme ce qu'on appelle une poutre composite, il forme avec les muscles abdominaux un caisson hydropneumatique protégeant les structures voisines notamment le rachis, et équilibrer les pressions. En effet, la ceinture abdominale réduit les pressions au niveau des disques vertébraux. Il est très important que les deux groupes musculaires soient travailler de la même manière afin qu'il puisse réaliser sa fonction.
Rétroversion et antéversion du bassin
La rértoversion du bassin doit être un mouvement contrôlé tout comme l'antéversion, car tous deux entrainent le rachis lombaire :
- soit en « dos rond », ce qui peut, comme décrit précédemment, augmenter le risque d'hernie discale
- soit l'emmener en hyperlordose, qui même moins traumatisant reste un mouvement extrême.
La régulation de l'intensité de l'entrainement et de l'utilisation des zones doit toujours être respectée pour ne pas pousser le corps à l'extrême et créer des traumatismes parfois irréversibles.
Les blessures aiguës en haltérophilie
Les lombaires et l'haltérophilie
La zone lombaire est la zone la plus touchée dans ce sport. En effet, comme nous avons pu l'expliquer plus haut, la mauvaise réalisation des mouvements, le mauvais position peut créer des pressions très importantes au niveau des disques vertébraux pouvant aller de la discopathie à l'hernie discale.
La lombalgie aiguë suite à un mouvais mouvement est donc souvent retrouvée dans nos cabinets d'ostéopathie...
Les cervicales et l'haltérophilie
La cervicalgie ou torticolis aigu suite à la pratique d'haltérophilie est souvent provoqué par un effort intense et à la sur-sollicitation des muscles du cou.
Les blessures musculaires en haltérophilie
Les blessures les plus communes concernent les muscles. En effet, une sur-sollicitation de la zone avec un étirement trop intense peut créer une contracture musculaire et si le muscle est trop en souffrance, il peut passer par une élongation voire une déchirure musculaire. Attention, il est important de prendre en compte que seul le muscle peut prendre du volume, le tendon lui reste le même peut importe le volume du muscle. Les blessures musculaires sont souvent présentent au niveau des épaules et du dos.
Les entorses en haltérophilie
En haltérophilie, on retrouve parfois des entorses de cheville, souvent du à un problème de proprioception sur des mouvements répétés. Elle concerne notamment le ligament collatéral externe au niveau de l'articulation tibio-tarsienne.
Les blessures chroniques en haltérophilie
Tendinite ou tendinopathie et haltérophilie
Les tendinites ou tendinopathie sont des blessures chroniques et parfois même récidivantes. Du à la sur-sollicitation d'un tendon, celui-ci se remanie et s'épaissit. Les douleurs lors de l'effort se font alors ressentir par l'athlète allant jusqu'à l'arrêt complet de l'activité. Elle concerne surtout les épaules (tendon du supra-épineux, du long biceps, du deltoïde et du grand pectoral), genoux (tendon rotulien) mais peut également toucher le tendon d'Achille.
Douleur articulaire d'épaule
Les haltérophiles souffrent de douleurs au niveau des articulations acromio-claviculaire, notamment du à des mouvements répétés tels que les tractions. On retrouve également des atteinte du bourrelet glénoïdien, sorte de joint autour de l'épaule.
Lyse isthmique et haltérophilie
Enfin, au niveau du rachis, on peut avoir les atteinte appelées « lyse isthmique » due à une hyperlordose trop intense et répétée. Il s'agit d'une fracture de fatigue entre les jonctions supérieure et inférieure de la vertèbre créant alors une perte de frein postérieur, pouvant aller jusqu'au glissement de la vertèbre L5.
L'ostéopathie et l'haltérophilie
La prévention en haltérophilie par l'ostéopathie
L'ostéopathie tient d'abord un rôle important dans la prévention des blessures. En effet, la mobilité articulaire et la proprioception sont des éléments clés au bon fonctionnement du corps. Une articulation "raide", sera en perpétuel effort voir contrainte lors de mouvements parfois simples. Le manque de proprioception quant à lui, créer un déséquilibre et peut mener à une blessure comme l'entorse. En effet, en haltérophilie, la triple flexion est beaucoup utilisée. Il faut donc que l'athlète possède une aisance articulaire au niveau de la hanche, des genoux et des chevilles.
Ostéopathie en post-trauma
Lorsque le corps subit un traumatisme aussi minime qu'il soit, il le garde en mémoire. Laissant parfois des traces au sein des différentes couches de tissus. Lors de ces petits traumatismes, le praticien est alors là pour aider avec des techniques simples le corps à retrouver son équilibre naturel pour permettre un fonctionnement optimal
Lors de traumatisme plus important, l'ostéopathe est là pour accompagner le patient dans sa guérison, redonner de l'aisance aux articulations, traiter les endroits qui ont besoin et faire comprendre au système nerveux que la zone n'est plus en souffrance et peut remplir de nouveau sa fonction entière. Votre ostéopathe a également pour rôle de vous réorienter en cas de contre-indications à la prise en charge en ostéopathie.
Votre ostéopathe du sport est également présent, lors de ces traumatismes, pour optimiser la récupération avec du stripping ou du kinésio Taping.
Coralie Litzler
Ostéopathe D.O à Nandy
Proche de Savigny le Temple
77 - Seine et Marne