"Arrêtez de courir et mettez vous à la natation !" est une phrase que vous avez probablement entendu plus d'une fois si vous souffrez de maux de dos et que vous pratiquez la course à pied. Malgré le succès que peut connaître cette réplique, j'ai l'immense plaisir de dresser le bilan de son exactitude grâce à de récentes études afin de mettre en lumière le vrai du faux concernant la natation et le mal de dos.
Attention, l'objectif de cet article n'est pas de vous faire arrêter de nager mais de prendre conscience qu'il ne faut pas faire que nager.
Le meilleur sport pour le dos n'est pas la natation !
Nous présumions que sans les contraintes de la course à pied, il n'y avait aucun risque de se tasser en pratiquant la natation. En vérité, ce sont ces mêmes contraintes qui permettent à notre organisme de se renforcer. Les impacts produits lorsque l'on pratique la course à pied permettent de stimuler les disques et de les consolider. Egalement quand on pratique la natation, d'autres contraintes sont rajouté comme le mouvement d'oscillation qui agit sur les disques entre les vertèbres.
Rappel anatomique concernant les disques intervertébraux :
Vous pouvez voir sur cette image l'intégralité de la colonne vertébrale, elle est constitué de vertèbres lombaires, thoraciques et cervicales. Entre chaque vertèbres se trouvent des disques qui joue le rôle de coussinet amortisseur.
Quand ces disques sont usés, on évoque une discopathie aussi appelé pathologie du disque. Chez certains patients, les disques risquent de provoquer une hernie, on évoque dans ce cas une hernie discale.
Comparaison du dos des nageurs aux dos des autres sportifs
En 2009, le Dr Hangai a comparé la prédominance de la discopathie dégénérative chez les sportifs en fonction des sports mais également chez les non-sportifs. Il a constaté les éléments suivants :
- Pour le baseballeur par exemple, on constate 59,7% de discopathie
- Chez le nageur : 57,5%
- Chez le basketteur : 42,9%
- Chez le footballeur : 36,2%
- Chez le non-sportif : 31,4%
- Chez le coureur : 25,6%
Depuis presque la nuit des temps, nous pensions à tort que les disques s'abimaient à cause des différents chocs, mais certaines études comme celle des australiens faite en 2014 avec des coureurs et celles présentées ci-dessous nous démontrent l'opposé. Elles affirment que la course à pied permet de consolider les disques entre les vertèbres !
Le dos des nageurs élites comparés aux nageurs occasionnels
En 2007, grâce à des IRM, le Dr Kaneoka compare les disques intervertébraux chez des nageurs occasionnels et chez des nageurs élites. Il en déduit que :
- 29% des nageurs occasionnels présentent des discopathies
- 68% dans le groupe des nageurs élites
En 2016, Steffen Folkvardsen reproduit la même étude et constate avec étonnement qu'il n'y a aucun changement entre le nageur occasionnel et le nageur élite, aucune différence !
Cela s'explique par l'évolution de la préparation physique du nageur entre 2007 et 2016. La préparation physique d'un nageur élite ne comprend plus uniquement de la natation en bassin mais la complémentarité de différents sports comme le renforcement musculaire, la course à pied, ...
La discopathie et les différents types de nages
Nous avons longtemps pensé que le fait de nager était bien pour le dos excepté si on pratiquait la brasse. De récentes études ont encore une fois renversé les aprioris sur les types de nage.
C'est en 2007 que le Dr Kaneoka met en lumière l'état des discopathies des nageurs élites en fonction de leur nage de spécialité. Voici ce que son étude démontre :
- 60% font du PAPILLON
- 62% pratiquent le DOS CRAWLÉ
- 67% font de la BRASSE
- 83% des nageurs élites qui souffrent de discopathie pratiquent le CRAWL !
Les déformations du dos et la natation
En 2015, Fabia Zaina comparait les déformations du dos dans deux groupes d'adolescents, le premier groupe était composé de 217 adolescents non nageurs et le second de 112 adolescents nageant en compétition.
Son étude à permis de constater que l'on observait une majorité de troubles sagittaux, frontaux et statiques dans le groupe de nageurs de compétition !
Le matériel de natation n'est pas innocent !
Les différents équipements de natation comme par exemple les palmes, les plaquettes ou encore le pull-boy doivent être utilisés seulement quand la condition physique le permet.
- Les plaquettes : Quand il existe une carence des fixateurs de la scapula et des muscles rotateurs externes, leur utilisation peut être désastreuse au niveau des épaules.
- Le pull-boy : En augmentant la lordose lombaire, Il va accentuer les contraintes du rachis lombaire.
Conclusion
L'objectif de cet article n'est pas de vous fâcher avec la natation, au contraire, le but est de vous encouragez à pratiquer d'autres activités physiques en complément comme la course à pied, le renforcement musculaire, ...
Les conseils de votre ostéo
- Echauffez-vous, mobilisez vos articulations en début de séance
- Faites du renforcement musculaire
- 1 à 2 séances de Préparation Physique Générale (PPG) par semaine (en fonction du niveau)
- 1 à 3 séances de musculation par semaine (en fonction du niveau)
- Faites des étirements plusieurs heures après la séance, ne les pratiquez pas à chaud
- Ayez une bonne hygiène de vie (bonne alimentation, bonne hygiène dentaire, etc)
- Si votre condition physique ne vous le permet pas, évitez d'utiliser du matériel type plaquettes, palmes, pullboy. Ce matériel est réservé aux nageurs ayant déjà acquis une bonne technique et ayant une bonne condition physique.
Marie Messager
Ostéopathe D.O
116 chemin des Tournesols
77176 Nandy
Seine et Marne
