Cancer du sein et ostéopathie : mémoire - Introduction
Efficacité de la prise en charge ostéopathique sur la qualité de vie des femmes en cours de traitement pour un cancer du sein :
Étude expérimentale
Introduction
1.1. Le cancer du sein
1.1.1. Épidémiologie
De nos jours, le cancer du sein est le cancer le plus courant chez les femmes (33,5% de cancer du sein parmi les nouveaux cas de cancer diagnostiqués), ce qui le place au premier rang des cancers en termes de fréquence. (1)
En France, depuis les années 1980, le nombre de nouveaux cas de cancer du sein augmente. Cependant dès 2005, son incidence se stabilise et la mortalité ainsi que la survie se sont améliorées. Aujourd’hui, on diagnostique un peu moins de 60 000 nouveaux cas environ chaque année en France (données de 2017) dont 12 000 décès par an. (2)
De plus l’incidence augmente rapidement avec l’âge, on distingue principalement deux pics autour de 45 ans et 65 ans. (3)
Cette pathologie résulte de la prolifération anormale d’une cellule ayant muté et évoluant vers une tumeur cancéreuse. Cette mutation peut être dues à des facteurs génétiques héréditaires (gènes BRCA 1 et 2) ou bien à des risques environnementaux (tabac, surpoids, alcool, perturbateurs endocriniens, etc). (4)(5)
1.1.2. Les diagnostics
En l’absence de symptômes caractéristiques de cancer du sein, des mammographies de dépistages sont prescrites tous les 2 ans à toutes les femmes de plus de 50 ans depuis 2004.(3)
De nos jours, le diagnostic du cancer du sein se déroule en 2 étapes :
- Un bilan diagnostic : examen des seins, mammographie et biopsie pour confirmer ou infirmer l’hypothèse diagnostique de cancer du sein
- Un bilan d’extension : réalisé en cas de cancer infiltrant, il permet d’évaluer l’extension du cancer aux autres organes pour adapter au mieux le traitement ; il se compose donc d’un scanner thoracique, d’une échographie hépatique et d’une scintigraphie osseuse.(1)
1.1.3. Les traitements et les effets secondaires
Dans la prise en charge thérapeutique de cette pathologie, les traitements reposent sur la chirurgie, la radiothérapie, la chimiothérapie et l’hormonothérapie. (6)
Ce sont des traitements invasifs et qui entraînent des effets indésirables ce qui les rend parfois difficilement supportables physiquement et mentalement pour les patientes.
La chirurgie
La chirurgie, conservatrice ou non, avec ou sans curage ganglionnaire ; entraînera des effets secondaires :
- Articulaires et tissulaires avec une raideur, une perte de force, et une perte d’amplitude du bras ou de l’épaule
- Des conséquences lymphatiques à la suite d’un curage ganglionnaire qui peuvent entraîner des gonflements de l’aisselle jusqu’à la main
- Et sur le plan psychologique, la chirurgie entraîne souvent un état émotionnel de fatigue et d’anxiété, jusqu’à changer le regard de la patiente sur elle-même. (7)
De plus, 25 à 60% des femmes vont présenter des douleurs chroniques dans l’année qui suit l’opération. Et 20 à 40% d’entre elles, présenteront encore ces douleurs dans les 2e et 3e années qui suivent l’opération.
Ces symptômes ont été nommés par « Syndrome Douloureux Post-Mastectomie » (SDPM). Ce dernier a été défini par l’International Association for the Study of Pain (IASP) comme « une douleur chronique débutant immédiatement ou précocement après une mastectomie ou une tumorectomie affectant le thorax antérieur, l’aisselle et/ou le bras dans sa moitié supérieure. » depuis 1986.(8)
La chimiothérapie
La chimiothérapie est un traitement lourd entraînant de nombreux effets secondaires : la chute des cheveux, de la fatigue (et troubles du sommeil), de l’anxiété, et aussi des problèmes digestifs à cause des toxines contenues dans les médicaments. Ces perturbations digestives sont des nausées, des vomissements, des constipations et des diarrhées. Actuellement, pour prévenir ces toxicités gastro-intestinales invalidantes, un traitement médicamenteux complexe est administré aux patientes.(9)
Les patientes sous chimiothérapie peuvent également présenter des douleurs musculaires ou articulaires car pendant ou après ce traitement, les nerfs agressés peuvent engendrer des douleurs ressenties comme des fourmillements ou des engourdissements. On peut parler de douleurs neuropathiques.
La radiothérapie
Souvent utilisée avant ou après une chirurgie pour diminuer la taille de la tumeur ou éradiquer les cellules cancéreuses restantes, la radiothérapie est principalement responsable de lymphœdèmes, d’érythème cutané, de douleurs et de fatigue affectant la qualité de vie des femmes mais aussi leur état physique et psychologique.(10) (6)
L’hormonothérapie
Ce traitement est un élément clé dans l’approche thérapeutique du cancer du sein hormono-dépendant.
Les effets secondaires de l’hormonothérapie dépendent principalement du type d’hormonothérapie, de la dose et de l’association de médicaments administrés. Mais aussi de l’état de santé global de la patiente.
Parmi eux on note un manque d’énergie et une lassitude, des nausées et des vomissements, une prise de poids, une diminution voire une perte totale d’intérêt pour le sexe, une ménopause (temporaire généralement chez les femmes jeunes), des bouffées de chaleur, une hypersensibilité au niveau des seins, des troubles de la fertilité (temporaires ou permanents), des diarrhées, des arthromyalgies, des risques thromboemboliques.
1.1.4. Prise en charge de la douleur et des effets secondaires
Avec ces types de traitements, les effets secondaires sont récurrents et inconfortables pour la patiente.
Actuellement, dans le cadre d’une prise en charge allopathique des effets secondaires d’une chimiothérapie, le médecin peut prescrire :
- Des antibiotiques en cas de fièvre
- Une transfusion sanguine si la patiente présente une fatigue intense liée à une anémie de globule rouge
- Des antiémétiques
- Un casque réfrigérant pour limiter la chute de cheveux (11)
Quant à la radiothérapie, pour éviter les brûlures il faut prendre des mesures hygiéniques (soins locaux, éviction du rasage etc), et des médicaments pour limiter les troubles digestifs. (12)
Pour atténuer les effets secondaires d’une hormonothérapie, le médecin prescrit des antalgiques et des médicaments spécifiques à l’effet indésirable (gabapentine et venlafaxine pour les bouffées de chaleur, acide hyaluronique en ovule pour les sécheresses vaginales).(13)
La prise en charge habituelle post-mastectomie se compose quant à elle d’une prise d’antalgiques, des consultations avec un psychologue et de thérapie manuelle (le plus souvent de la kinésithérapie, et du drainage lymphatique).(6)
1.2. Problématique et intérêt ostéopathique
La prise en charge habituelle des effets secondaires est principalement médicamenteuse.
Il existe très peu d’articles référencés sur la prise en charge ostéopathique des effets secondaires du cancer du sein. Les principales études retrouvées portent sur l’efficacité de l’ostéopathie sur les effets secondaires de la chimiothérapie comme dans l’étude de N. Favier, A. Guinet et M. Nageleisen (2012)(14) notamment par des techniques viscérales comme dans les études A. Lagrange et D. Decoux (2019)(9) ou encore dans l’expérimentation de A. Doucet (2010)(15). Ces études ont montré une amélioration majoritairement significative pour la diminution des constipations et des diarrhées ainsi qu’une amélioration de la qualité de vie des patients.
D’autres études existent aussi sur la prise en charge ostéopathique pour des douleurs chroniques post-mastectomie, comme dans l’article de G. Chvetzoff et A. Berthier (2019)(16). Cette dernière n’a pas montré d’amélioration de l’EVA mais une amélioration significative de la qualité de vie.
Le cancer du sein a un impact plus ou moins important sur la qualité de vie de la patiente en fonction de son état global mais aussi les effets secondaires des traitements qui lui sont administrés, et recensés par l’HAS.
Les différentes études citées ci-dessus suggèrent l’efficacité de certaines techniques ostéopathiques sur les pertes de mobilité articulaire, sur les troubles digestifs et sur la qualité de vie. L’intérêt ostéopathique de cette étude vise à montrer l’efficacité potentielle de la prise en charge ostéopathique dans l’amélioration de la qualité de vie et de la diminution des douleurs des patientes traitées pour un cancer du sein.
Il est donc également intéressant de savoir si que l’accompagnement global de la prise en charge ostéopathique peut aussi avoir une action positive sur l’état psychique de la patiente et donc sur sa qualité de vie, pendant cette période de traitement.
Et part ailleurs de savoir si la pratique de l’ostéopathie en clinique spécialisée ou en association permet également d’avoir un suivi et d'être intégrée dans le parcours de soin de ces patientes afin d’éventuellement diminuer la prise d’antalgiques ou de médicaments.
Pour réaliser cette étude expérimentale, j’ai travaillé en parallèle avec une camarade de promotion mais chacune a retenu ses propres critères d’évaluation différents. Nous avons ainsi souhaité démontrer que la prise en charge ostéopathique globale peut améliorer la qualité de vie et diminuer les effets secondaires induits par les traitements auxquels sont soumis les femmes suivies pour un cancer du sein (chimio-, radio, hormonothérapie).
Gladys Faure
Ostéopathe D.O
à Nandy - 77