Mémoire en vue de l'obtention du diplôme d'ostéopathe D.O
Félicitations du jury
1. Introduction
Les troubles psychosomatiques touchent une part importante de la population et restent à l’heure actuelle bien trop méconnus. « C'est psychosomatique ! » cette phrase trop souvent prononcée est régulièrement utilisée par des thérapeutes essayant de justifier la méconnaissance du trouble du patient. Ces mots sont très réducteurs et souvent déstabilisants pour une personne qui ignore de quoi elle souffre. Nombreux sont ceux qui pensent que le patient ira déjà mieux si ses problèmes (leurs origines, leurs mécanismes, leurs physiologies) lui sont expliqués. Ainsi, dans la société actuelle, il est difficile de concevoir que dire à un patient que le problème réside uniquement dans sa tête puisse l'aider.
La médecine psychosomatique (du grec psukhê = l’« âme sensitive » et du grec soma = « corps ») est la médecine relative aux troubles organiques ou fonctionnels occasionnés, favorisés ou aggravés par des facteurs psychiques (émotionnels et affectifs). »
Selon Weiss et English « La médecine psychosomatique n'accorde pas moins d'importance que la médecine générale aux facteurs organiques, mais elle en accorde plus aux facteurs psychiques, remettant ainsi en valeur un principe ancien, selon lequel l'esprit et le corps ne sont pas des éléments opposés mais interdépendants »1.
Selon A. Bécache, « Pour pouvoir dire qu’une maladie est psychosomatique, il faut ressortir l’existence d’un conflit. On doit pouvoir établir la relation précise qui existe entre la situation conflictuelle du malade et de sa maladie, et cela jusque dans la forme même de cette maladie. On ne peut plus soutenir que toute maladie est organique, mais on ne peut pas dire non plus que les troubles psychiques engendrent les troubles somatiques. En fait, il s’agit de conflits de l’individu, d’abord avec le monde extérieur, puis intra-psychiques. Ces conflits provoquent des manifestations mentales ou des manifestations somatiques, ou de deux sortes en proportion variable. Les psychiatres connaissaient de longue date des cas de balancements psycho-somatiques, où les symptômes des deux séries se succèdent dans le temps, mais sans que l’on soit pour autant en droit d’affirmer que les troubles névrotiques produisent les troubles somatiques »1.
En « Biologie totale des Etres Vivants décrite sous forme d’histoires naturelles comparant les 3 règnes : végétal, animal et humain » décrite en 1995 par Claude Sabbah, les maladies sont une solution du cerveau et sont dues à des conflits biologiques et non à des conflits psychologiques2. Le mot « biologique » est entendu au sens de parole dans le corps, en lien avec la physiologie, les circuits biologiques, biochimiques neuro-endocriniens, etc. Dr Hamer découvrit la triade entre le Psyché, le Cerveau et le Corps (entre 1978 et 1983) : il expliqua dans son livre "Summary of the New Medicine" que le cerveau est le centre de commande et la maladie est un programme que le cerveau peut créer selon les circonstances de stress extrême vécu dans la vie de la personne2. Le cerveau peut arrêter ce programme aussitôt que la personne a résolu le conflit sous-jacent la maladie ou le pattern.
Le psychanalyste hongrois W. Stekel (1868-1940) est à l'origine du concept de somatisation grâce à ses travaux traduits en 1920 par J. Von Teslaar3.
Selon Kirmayer, les symptômes somatiques sont considérés comme « un indice de la maladie ou d’un trouble, une indication de la psychopathologie, une condensation symbolique du conflit intrapsychique, une expression culturellement codée de détresse (et) un moyen d’exprimer le mécontentement social »4.
Pour Lipowski5 la somatisation serait « une tendance à ressentir et à exprimer des symptômes somatiques dont ne rend pas compte une pathologie organique, à les attribuer à une maladie physique et à rechercher dans ce contexte une aide médicale. » Ceci serait dû à un stress ou une souffrance psychologique5,6.
La notion de « troubles somatoformes » naquit dans le Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorder de l'American Psychiatric Association (DSM III) en 1980. Les troubles somatoformes sont caractérisés par la présence de symptômes physiques suggérant l'existence d'une maladie somatique, l'absence d'une lésion organique ou d'un mécanisme physiopathologique défini, à la base d'une souffrance cliniquement significative et/ou d'un dysfonctionnement social, et pour lesquels il existe de fortes présomptions que les symptômes soient liés à des facteurs psychologiques.
Depuis, les troubles somatoformes ont été répertoriés dans les manuels de diagnostic et de classification nosologiques des maladies psychiatriques, c'est à dire la quatrième édition du Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (DSM IV) de 19947 et la dixième révision de la Classification Internationale des Maladies (CIM-10) de l'Organisation Mondiale de la Santé8 (l’OMS).
Dans la CIM-10, les directives pour le diagnostic de la « somatisation » reposent les éléments suivants :
Il est difficile d'effectuer une investigation épidémiologique des troubles pyschosomatiques pour plusieurs raisons dont la première est le manque de définition et la difficulté qu'il y a à distinguer les troubles somatiques. Pour avoir des données, la meilleure solution consiste à étudier les distributions des symptômes connus comme étant associés à des troubles psychosomatiques et à rechercher les liens qu'ils pourraient avoir avec des facteurs démographiques et sociaux9.
En épidémiologie, la prévalence retrouvée est :
Concernant le sexe ratio, ce sont essentiellement les femmes qui sont touchées par les troubles psychosomatiques. Ces troubles touchent rarement l'homme et si c'est le cas ils sont associés à des accidents professionnels et militaires.
La naissance de troubles psychosomatiques résulte de la combinaison de plusieurs facteurs comme des facteurs biologiques, psychiques et sociaux. Les facteurs psychosociaux semblent se trouver au premier plan. Toutefois, une part de prédisposition génétique serait également en discussion.
Il est important de considérer les facteurs psychosociaux pour la compréhension d'un trouble. Egalement appelés « yellow flags », ils ont été définis comme des facteurs d’invalidité et de passage à la chronicité à long terme13. Ce sont des indicateurs psychosociaux suggérant un risque accru de progression à long terme de détresse, de handicap et de douleur. Les drapeaux jaunes ont été conçus pour une utilisation dans la lombalgie aiguë mais en principe, ils peuvent être appliqués plus largement afin d'évaluer la probabilité d'apparition de problèmes persistants face à une douleur.
Ces facteurs psychosociaux font référence aux émotions, aux comportements ainsi qu'aux croyances du patient14.
Dans la littérature, les notions de « blue » et « black flags » sont également développées14.
Les « blue flags » sont tirés de la littérature sur le stress qui se rapportent à l'auto perception des difficultés au travail et sont souvent associées de façon plus élevée aux symptômes, à la maladie. Ils peuvent retarder le rétablissement et mettre un obstacle à la récupération. Ces perceptions peuvent varier chez les travailleurs au sein du même environnement :
Les « blacks flags » concernent les conditions de prestations d'emploi et les droits des travailleurs. Ils ne sont pas conséquence de la perception de soi. Ils affectent tous les travailleurs de manière égale et comprennent :
1.1.3.2 Le stress
Le stress est, selon les auteurs, considéré comme faisant ou non partie des troubles psychosomatiques. Le concept de stress précise que le sujet est en équilibre avec son milieu, selon des capacités d’adaptation variables en fonction des individus. Il est la réponse d'origine physiologie et/ou psychologique de l'organisme à une sollicitation extérieure ou intérieure.
En psychologie,le stress normal représente un apprentissage positif alors que le stress pathologique correspond à une rupture d’équilibre entre le sujet et son milieu et aboutit à une désadaptation à l'origine de pathologies.
Dans son livre « Stress sans détresse », Selye souligne le rôle important des facteurs psychologiques impliqués dans les causes et les conséquences du stress15.
D'après Cannon, le stress est dû à des facteurs qui perturbent l'homéostasie du corps. Pour lui, le stress est une tension mentale ou corporelle16.
La notion d'émotion fut développée grâce aux premiers travaux sur l’émotion de Darwin, publiés en 1872 dans son livre « The expression of the Emotions in Mans and Animals »18.
L’émotion est une notion floue, difficilement définissable car elle est idiosyncrasique, c'est-à-dire propre à chaque individu. Selon Darwin en 1879, l'émotion est une faculté d’adaptation et de survie de l’organisme vivant, elle est innée, universelle et communicative. Des études en neurobiologie, notamment celle de O'Regan en 2003, ont démontré que les émotions sont un mélange de plusieurs facteurs biochimiques, socioculturels et neurologiques.
Mais ce n'est qu'en 1920 que Cannon intégrera le système nerveux au centre des émotions et décrira le fonctionnement physiologique de l'émotion en 192719. Selon la théorie de Cannon-Bard, l’émotion serait un phénomène cognitif et c'est l'activation physiologique qui la déterminerait. Dans la théorie de Stanley Schacher et Jérome Singer (1975), l’émotion est interprétée en fonction des conditions environnementales.
En neuro-anatomie, le système limbique est impliqué dans les émotions20, mais aussi dans l'olfaction, l'apprentissage et la mémoire.
Les troubles psychosomatiques intéressent les phases spécifiques du fonctionnement psychobiologique. Au cours de ces phases, les évènements du milieu intérieur comme extérieur entraînent des processus cérébraux qui vont activer le système neuro endocrinien et ainsi provoquer des changements dans l'état fonctionnel des organes « cibles » et des systèmes moteurs. Le trouble psychosomatique peut être décrit comme une série de processus d'interaction entre le cerveau et le corps8.
1.2 Problématique
Le diagnostic de trouble psychosomatique est quelque part très réducteur et souvent nommé en cas d'échec de recherche étiologique. Il est donc nécessaire de comprendre la pathologie psychosomatique du point de vue de sa définition mais surtout du point de vue physiologique afin de comprendre son mécanisme d'application sur le corps.
L'ostéopathie a toujours intégré l'aspect psychique dans les piliers de la santé: structure, alimentation, psychisme décrits par LittleJohn22. La pratique ostéopathique permettrait au patient de retrouver la pleine possession de son potentiel physiologique et psychologique23.
Par conséquent, une fois la physiologie comprise, il sera nécessaire de rechercher si les champs de compétences de l'ostéopathie peuvent s'appliquer à ce trouble.
Compte tenu des données récentes sur la psychosomatique et des liens physiologiques, nous nous sommes interrogés sur l’importance de la connaissance physiologique des troubles psychosomatiques et l’importance du rôle de l’ostéopathe dans la thérapie de ces troubles.
L’ostéopathie peut-elle faire partie de la prise en charge pluridisciplinaire d'un trouble psychosomatique?
A l’heure actuelle aucun article ne répond à cette question, nous avons donc décidés d’étudier la physiologie des différents systèmes et de tenter de répondre à la problématique en établissant des liens ostéopathiques.
Le but de ce mémoire est de montrer la place de l'ostéopathie dans la prise en charge des troubles dits psychosomatiques en se basant sur l'étude de leurs physiologies endocrinienne, neurologique, cardiovasculaire ainsi qu’immunitaire.
Le premier intérêt est d'expliquer les mécanismes physiologiques du trouble psychosomatique. En conséquence, ce mémoire a un intérêt pédagogique ; il est nécessaire que les praticiens connaissent ce trouble, son fonctionnement, son application sur le corps de même que sa prise en charge en raison de la proportion de personnes concernées.
Cette connaissance permettrait d'y voir l’éventuel intérêt d’une prise en charge ostéopathique. L'intérêt est donc particulièrement clinique, ce travail pourrait permettre d'améliorer la prise en charge des personnes souffrant de troubles psychosomatiques en incorporant l'ostéopathie à leur traitement. Nombreuses sont les fois où les médecins ont prononcé la célèbre phrase « c'est psychosomatique! » sans donner de traitement autre qu'un suivi psychologique. Une prise en charge pluridisciplinaire incluant l’ostéopathie pourrait améliorer ces troubles...
2. Méthode et matériel
Afin de répondre à une méthodologie universitaire rigoureuse et de constituer ce mémoire, les informations du département mémoire du CEESO ont été utilisées. Les données issues des mémoires exposés à la bibliothèque du CEESO ont également été consultées.
Cette étude a été validée par le comité éthique du CEESO.
2.2 Sites de littérature en médecine manuelle
2.3 Moteur de recherche
2.5 Mots clefs
2.6 Méthode de sélection des articles
La méthodologie de sélection des articles s'est faite de la manière décrite par l' Agence Nationale d’Accréditation et d’Evaluation en Santé (ANAES) 24.
Dans un premier temps, la sélection s'est faite grâce aux mots clefs, puis l'utilisation de filtres a permis d'affiner la recherche. Ce n'est qu'après la lecture des titres de ces documents qu'ont été sélectionnés les articles les plus pertinents pour ce mémoire en fonction du nombre de mots clefs présents.
Dans un deuxième temps, la lecture des résumés des articles a permis de savoir s'il était réellement possible de tirer des informations ou des définitions de ceux-ci.
Ensuite, afin de repérer la présence ou non d'informations nécessaires à la réalisation de ce sujet, les articles ont été lus en intégralité.
2.7 Critères
2.7.1 Critères d’inclusion
Les articles retenus sont :
2.7.2 Critères de non-inclusion
Les articles qui n'ont pas été retenus sont :
2.7.3 Critères d'exclusion
Les articles qui on été exclus sont :
2.8 Grille de lecture
Pour cette étude, une grille de lecture des revues de synthèse proposée par l'ANAES dans le Guide d'analyse de la littérature et gradation des recommandations a été choisie24. La grille sélectionnée répond à 11 critères.
3. Résultats
3.1 Présentation des résultats
L'utilisation des différents mots clefs dans les principales bases de données a permis de trouver un nombre important d'articles.
Au total, 72282 articles ont été trouvés grâce aux bases de données. Après filtre, c'est-à-dire après avoir intégré dans notre recherche les critères d'inclusion et d'exclusion, nous avons obtenu une recherche de 6196 articles. Un grand nombre d'articles (6175 articles) ont été éliminés après lecture du titre qui ne correspondait pas au sujet, pour d'autres c'est la lecture de l'abstract qui nous a permis de les éliminer.
A la fin de cette étape, seuls 21 articles semblaient correspondre au sujet. 2 ont été retirés en raison de leur inaccessibilité à la Bibliothèque Inter Universitaire de Santé (BIUM).
Ces 19 articles ont été lus en intégralité, 9 ont été exclus de la sélection car le contenu de l'article et la problématique ne répondaient pas au sujet ou que trop partiellement. Ainsi à la fin des étapes, 10 articles faisaient partis de la sélection finale.
3.2 Evaluation des articles
La grille de lecture décrite précédemment a établit 11 critères qui permettent une évaluation pertinente des articles obtenus.
L'évaluation des articles étudiés permet de juger de leur puissance.Neuf articles sur dix totalisent au moins la moitié des critères requis, néanmoins seuls quatre totalisent plus des 2/3 des critères requis.
La méthode d'analyse révèle des résultats satisfaisants pour six critères (A=90%, B=100%, H=100%, I=100%, J=100%, K=100%). Ces critères correspondent à la mise en évidence des objectifs, aux résultats et à l'applicabilité clinique. En revanche, pour les critères concernant les critères d'inclusion et d'exclusion (C=40% et D=10%) ainsi que ceux concernant la méthode d'analyse (F=30% et G=20%), les résultats sont très insatisfaisants.
4. Discussion
4.1 Analyse des résultats
Afin de montrer le lien physiologique existant entre le corps et l’esprit dans les maladies psychosomatiques et ainsi d’exposer la place de l’ostéopathie, nous nous intéresserons, dans un premier temps, aux principaux systèmes du corps. Dans un second temps, nous tenterons d’y corréler les particularités de la prise en charge ostéopathique et l’intérêt qui en découle.
4.2 « Les systèmes »
Dès la naissance, l’individu est doté d’une prédisposition génétique36 à certaines pathologies qui se développeront si la personne est soumise à un stress sévère ou chronique26, 37, 38.
De nombreux facteurs contribuent à la santé et, dans le développement de l’enfant, les premiers soins sont très importants pour l’éveil psychologique. Ceci va déterminer le type de réponse que l’individu aura face à un stress au long court. Ainsi, cette étape pendant l’enfance aura un effet protecteur ou dévastateur sur le développement de pathologies mentales ou physiques à l’âge adulte26, 34, 49.
Le rôle premier des systèmes nerveux, endocrinien et immunitaire est de maintenir une homéostasie dynamique entre les cellules, fluides et tissus du corps. Une perturbation de cet équilibre peut altérer la capacité du corps à s’adapter et à s’auto réguler27.
L’étude de la physiologie permet de comprendre comment un stress ou encore une émotion peut se répercuter sur le corps.
4.2.1 Système neuro hormonal
L’avancée de la neuroscience a permis de nouvelles découvertes et a ainsi relancer son intérêt dans la médecine psychosomatique29. La compréhension des systèmes nerveux autonome, immunitaire et endocrinien a mis en évidence des marqueurs prédisposants à certaines pathologies rendant plus facile la mise en place d’études28.
4.2.1.1 Système limbique
Les cortex pré frontal et fronto orbitaire, l’amygdale et l’insula jouent un rôle central dans la régulation des émotions mais également dans la pathogénèse des troubles psychiatriques28. Il semblerait également, qu’en raison de ses connections, le système limbique ait un rôle dans la régulation auto immune, endocrinienne et du système nerveux autonome28. Le cortex orbito frontal est la structure la plus importante, car elle est la seule structure du cerveau à avoir des connections avec presque toutes les régions du cerveau26.
Une perturbation de ce système peut être causée ou entretenue par des dysfonctions des structures alentours comme le frontal, le sphénoïde et l’occiput. Selon Magoun, le sphénoïde et l’occiput sont les chefs d’orchestre de la mobilité crânienne40. En effet, le sphénoïde dirige tous les mouvements de la sphère antérieure du crâne (les os de la face, le frontal, l’ethmoïde et le vomer) tandis que l’occiput régit la sphère postéro latérale (pariétaux, temporaux, mandibule, os hyoïde et sacrum)40. Par conséquent, le travail sur la synchondrose sphéno basilaire (SSB) aura des répercussions également sur tous les os du crâne et donc sur les structures contenues dans la boîte crânienne. Par exemple, dans la mesure où le frontal est en lien avec le cortex pré frontal et le cortex fronto-orbitaire, nous pouvons supposer qu’un travail sur le frontal, directement ou par l’intermédiaire de la SSB, aura une influence sur le cortex limbique puisqu’en permettant une meilleure mobilité des structures environnantes, il semblerait que la fonction soit améliorer.
Le concept crânien décrit selon Magoun40 parle de techniques sur les sinus qui auraient une action sur le système limbique. En effet, le fait de favoriser la vascularisation de la tête que ce soit par l’apport artériel ou par le drainage veineux, permet une meilleure oxygénation des tissus et donc une meilleure information de ces éléments, par conséquent leur fonction en serait améliorer :
4.2.1.2 L’hypothalamus et ses connections
L’hypothalamus constitue l’étage inférieur et le plancher du diencéphale avec le chiasma optique. Il est formé de plusieurs aires régies par des noyaux distincts fonctionnellement30.
Le rôle de l’hypothalamus est la régulation suprême du système nerveux végétatif, or il joue aussi un rôle avec le système endocrinien de part ses connections41. Ils régulent les performances des organes, la chaleur corporelle, la réserve d’eau, la circulation, la respiration de même que le rythme nycthéméral. Les centres hypothalamiques assurent le contrôle des fonctions vitales telles que l’alimentation, le transit gastro-intestinal, la défécation, la reproduction, les fonctions cognitives numériques et comportementales… Ceci est permis par les besoins corporels tels que la faim, soif, libido et il a été mis en évidence que ce contrôle était perturbé dans les troubles affectifs30, 42, 43, 44, 45. Par conséquent, ces instincts de conservation sont accompagnés d’une composante affective : sensation de plaisir ou de déplaisir. Ainsi les stimulations hypothalamiques jouent un rôle important dans la réalisation des émotions.
Les connexions de l’hypothalamus expliquent comment. En effet, ce dernier est relié à un grand nombre de structures de la boîte crânienne comme le cortex limbique, le thalamus, le cortex frontal. Ces connexions sont représentées dans l’annexe II41.
Lorsqu’il est stimulé, l’hypothalamus déclenche des réactions végétatives de deux sortes : celles impliquées dans la régénération et le métabolisme et celles impliquées dans l’accomplissement et l’augmentation des performances dans les relations avec l’environnement. La visualisation de ces réactions peut s’observer dans l’annexe III41.
Deux circuits limbiques sont responsables de l’activation du système nerveux : le système tegmentale ventrale pour le sympathique et le système latéral pour le parasympathique46.
En cas de stress sévère, ces deux circuits sont suractivés. Une atteinte du circuit inhibiteur conduira à une dominance sympathique ce qui entrainera une sensibilité à la moindre régulation et ainsi à l’externisation des pathologies psychologiques46, 47.
Dans son article30, Stéphanie Schindler et al regroupent les modifications des régions hypothalamiques chez le vivant et en post-mortem, ainsi que chez le bipolaire et le dépressif.
Swaab, Bao et al ont montré que dans les troubles affectifs, l’hypothalamus est modifié tant dans sa micro structure que dans sa fonction30, 48, 49, 50, 51. Une diminution similaire du volume hypophysaire a été retrouvée chez le bipolaire et chez le dépressif30. Dans la mesure où beaucoup de troubles partagent la clinique de la dépression, la réduction de volume hypothalamique pourrait être observée dans ces autres troubles30.
Il semblerait que des différences structurelles s’observent chez le patient dépressif et bipolaire : en effet une augmentation du volume d’un sous noyau hypothalamique (le SON) est observée chez le dépressif mais pas chez le bipolaire. Chez les patients bipolaires, l’hypothalamus est augmenté de volume par rapport à la normale in vivo et diminué en post-mortem30.
Néanmoins, les conclusions fournies dans l’article de Schindler doivent être nuancées en raison de la faible qualité méthodologique des études, de l’absence d’interprétation des données et également de la taille réduite des échantillons des différentes populations30.
L’axe hypothalamo hypophysaire joue un rôle très important dans la régulation du stress32.
En cas de stress, le CRF (facteur de libération de corticotropine) est libéré par l’hypothalamus et est transporté à l’antéhypophyse. Ceci va générer la sécrétion d’ACTH (hormone corticotrope) qui entrainera la synthèse et sécrétion de glucocorticoïdes. Un système de rétro contrôle sur l’hypothalamus, l’hypophyse et l’hippocampe agit sur la sécretion de glucocorticoïdes et régule le stress27, 30, 32. Ce rétro contrôle négatif est essentiel à la régulation de l’axe hypothalamo-hypophysaire et du stress32, 52, 53.
Katja Wingenfeld a mis en évidence que le taux de CRF est très nettement augmenté chez les patients souffrants de trouble dépressif majeur, comme chez les personnes atteintes de syndrome de stress post-traumatique même si le niveau d’altération de l’axe hypothalamo hypophysaire est différent32. Un taux de cortisol élevé est retrouvé chez les dépressifs27, 54, 55, 56. Il suppose, en outre, que les débuts stressants de la vie entraînent une sensibilisation du système nerveux central, la variation de CRF dépendrait également des circonstances de la vie qui surviendraient plus tard, des traumatismes, des ressources de l’individu et des facteurs génétiques33. En vue de compléter ces informations, d’autres études pharmacologiques et des recherches basées sur la prise en charge par la psychothérapie sont nécessaires32, 57.
Il semblerait que le stress ait des effets dommageables sur le cerveau, notamment sur l’hippocampe qui est riche en glucocorticoïdes32. La régulation du cortisol a des effets viscéraux et cognitifs qui sont impliqués dans le mécanisme de réponse à un stress et peut affecter l’appétit, l’humeur, les rythmes biologiques et le comportement face à un stress30.
En cas d’infection ou de stress, un taux élevé de cortisol contribue à un mauvais glucose chez les patients diabétiques en augmentant la glucogénèse et la résistance à l’insuline27, 58, 59. De plus, une élévation chronique du taux de cortisol est associé au développement de neuropathie diabétique27, 60. La CTRH inhibe la sécrétion d’acide gastrique et accélère le transit tout en stimulant l’activité du colon. C’est ce mécanisme qui est impliqué dans le syndrome du colon irritable27.
Stetler et Miller, en 2011, confirmèrent que dans la dépression plusieurs données indiquent une hyperactivité de l’axe hypophysaire30, 61. Par conséquent une hyperactivité de l’axe hypothalamo-hypophysaire peut se produire en cas de stress physique, psychique ou émotionnel de grande ampleur ou de longue durée27, 34. L’hyperactivité de l’axe provoque une inhibition de la production de l’hormone de croissance réversible à condition que l’enfant soit retiré de l’environnement négatif27, 62. Une stimulation chronique de l’axe induit de multiples réponses physiopathologiques via l’activation du système nerveux sympathique : augmentation de l’activité autonomique de l’insulino résistance, réponse inflammatoire élevé, activation plaquettaire, effets somatiques31, 63…
Ainsi, des troubles psychiques peuvent provoquer des douleurs et réciproquement. En effet, les patients souffrants de douleur chronique vont développer plusieurs des critères cliniques de la dépression27, 54, 55.
Les patients atteints de syndrome de stress post-traumatique souffrent d’un déficit de mémoire déclarative32, 64, 65, 66 et une diminution du volume de l’hippocampe a été mise en évidence chez eux32, 67, 68, 69. Cette modification de l’hippocampe serait principalement due à des évènements stressants de début de vie32, 70, 71. Les modifications des différentes structures du cerveau retrouvées dans les troubles de la personnalité borderline ont été synthétisées et sont visualisables dans l’annexe IV32.
Il a aussi été démontré par différents auteurs que le trouble de personnalité « border line » provoquait des modifications du métabolisme au niveau des différentes structures du cerveau32 ; les résultats sont mis en évidence dans un tableau placé en annexe V.
Herpertz et al ont comparé la réponse neuronale chez des individus atteints de troubles de personnalité « borderline » face auxquels des images émotionnelles étaient présentées32, 72. Une augmentation de la réponse de l’amygdale lors de la présentation d’images négatives a été mise en évidence32, 73.
D’autres études dont les résultats ont été synthétisés dans un tableau visualisable en annexe VI, montrent la réponse de différentes structures du cerveau dans le cas de trouble de la personnalité « border line »32. La recherche sur la mémoire autobiographique a montré que dans ce type de personnalité certaines structures du cerveau étaient perturbées : amygdale, aires pré frontales et les autres structures limbiques en hyperactivité32. Cette association fronto limbique joue, selon Schmahl et Bremner, un rôle crucial non seulement sur la réponse émotionnelle mais aussi sur son contrôle et son inhibition32, 72.
Ces résultats doivent être nuancer puisque selon les auteurs, les données contrôlées concernent l’âge, le sexe, le traitement des tissus, la médication mais malheureusement le rapport se limite à l’étude des caractéristiques sans interprétation. En outre, pour ces études présentées dans l’article de Wingenfeld, les limites ont été déterminées avec une méthode très approximative et pour certaines études l’échantillon est trop faible (n=6 pour l’étude de Herpertz et al)32.
Magoun explique que durant la phase inspiratoire, le système nerveux central se mobilise en étant synchrone avec la flexion de la symphyse sphéno-basilaire (SSB). Ils précisent que lors de ce mouvement, l’hypophyse s’élève et que ce mouvement est primordial pour la fonction de cette glande40. Nous pouvons alors supposer que lorsque la flexion de la SSB ne se fait pas correctement, cela perturbe la fonction de l’hypophyse et donc celle de l’axe hypothalamo-hypophysaire. Selon cette hypothèse, il sera nécessaire de rétablir une bonne mobilité de la SSB et donc d’investiguer cette suture, le sphénoïde, l’occiput mais aussi tous les éléments qui seraient susceptibles de générer une dysfonction de la SSB comme par exemple la tente du cervelet, la tente de l’hypophyse et également les autres os du crâne. En outre, ces auteurs affirment que si la selle turcique sur laquelle repose l’hypophyse est tirée d’un côté par les parties antérieures de la tente, le développement de l’hypophyse sera entravé, le métabolisme de croissance et le comportement seront dérangés40.
Pour les mêmes raisons que celles évoquées dans le cortex limbique, un travail des sinus permettrait d’améliorer la vascularisation de la tête et par conséquent de réinformer les tissus et d’améliorer leurs fonctions. Ainsi nous pouvons supposer que ce travail ait une influence sur l’axe hypothalamo-hypophysaire.
En outre, précédemment il a été évoqué qu’un dérèglement de l’axe hypothalamo-hypophysaire pouvait engendrer une sur-stimulation du système nerveux sympathique. Dans la prise en charge ostéopathique, il est important de restaurer un équilibre entre les systèmes sympathique et le parasympathique et pour ce faire, l’excitation ou l’inhibition d’un ou l’autre des systèmes est nécessaire :
4.2.1.3 Dominance hémisphérique
La dominance hémisphérique joue un rôle important dans la détermination de la vulnérabilité d’un individu. C’est dans l’hémisphère droit que se font ressentir les émotions, tandis que l'hémisphère gauche est le site d'adaptation verbale26, 75, 76.
L’interaction entre les deux hémisphères est indispensable pour une bonne santé, les émotions naissant de l’hémisphère droit doivent être reconnues et traitées par l’hémisphère gauche26. En effet, il semblerait que les personnes dont l’intégration entre les deux hémisphères se fait correctement resteront en bonne santé alors que les autres auront tendance à développer des maladies physiques. De plus, ceux qui sont incapables de travailler avec leurs émotions auront tendance à développer des maladies psychiatriques46, 47, 77.
La figure n°4 ci-dessous résume la classification des maladies en fonction de la dominance hémisphérique et le type de contrôle autonome. De ce fait, ceux qui souffrent de maladies physiques peuvent bénéficier grandement d’une confrontation avec leurs émotions refoulées26.
Cependant, dans cette étude de nombreux biais sont présents. En effet, de nombreux sujets n’ont pas été abordés comme la régulation, la durée et le type de stress mais aussi le rythme circadien, certaines hormones et neurotransmetteurs. En outre, d’autres études cliniques sur la dominance hémisphérique et sur l’activation du système nerveux autonome sont nécessaires26.
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Marie Messager
Ostéopathe à Nandy, proche de Savigny le Temple
Seine et Marne